Après une chaude journée de navigation, où les corps inanimés rôtissent sur le pont du bateau, nous longeons la côte de l’Afrique pour rejoindre, dimanche, Santa Cruz de Tenerife, dans l’archipel des Îles Canaries. Situé à 800 km au sud ouest de Casablanca, elles se nomment ainsi pas à cause des serins mais des chiens sauvages (canes) qui peuplaient l’archipel à l’arrivée des premiers explorateurs portugais au début du 15e siècle. Maintenant sous protectorat espagnol, elles jouissent d’un climat tropical puisque localisées à la hauteur de la Mauritanie.
Pour revenir à sa découverte, il semble qu’elles étaient déjà peuplées d’autochtones grands, blonds, aux yeux bleus, vivant dans des maisons avec une société organisée avec un roi, des prêtres… Ils parlaient un dialecte ressemblant aux langues germaniques. Probablement une colonie de vikings normands qui ont sillonnés ces mers du 8e au 12e siècle. En moins de 50 ans les conquérants portugais ont vendus tous les habitants comme esclaves, sur internet, et plus aucune trace d’eux ou de leur origine ne subsiste.
Ces îles volcaniques sont encore actives. De la fumée s’échappe encore de plusieurs cratères et un restaurant fait même la cuisine avec les effluves se dégageant de ces cavités. La veille de notre arrivée, un groupe de 7 touristes sont décédés après s’être aventurés dans une caverne et respirés des gaz toxiques.
Montagnes effilées et versants escarpés font de cette île un véritable paradis terrestre. Mais la réalité est tout autre; c’est un lieu de villégiature très prisé et foncièrement européen. Beaucoup de grues de construction, de bagnoles de luxe et de retraités en cavale.
Le dimanche tout est fermé. En marchant dans la vieille ville construite à flanc de montagne, nous trébuchons sur le typique marché aux puces canariens. Au programme : soutien-gorge vert lime, CD pirates, bébelles de Chine et autres cochonneries recyclées. Anne et Danielle ont quand même su dénicher des grandes nappes brodées, à une fraction du prix de chez nous. On peut y croiser de nombreux africains colorés. Depuis quelques années une vague de « boat people », originaire principalement du Sénégal, convergent vers les Canaries. Attirés par l’illusion d’une vie meilleure, ils déchantent vite en vendant de l’artisanat africain à des millionnaires blasés.
Au triste marché aux puces, j'ai vu le bateau de Rackam Le Rouge. Le plan du trésor est caché dans le mat du navire.
Après une autre nuit de navigation houleuse, nous rejoignons le port de Funchal, capitale de l’archipel de Madeire. Une autre série d’îles volcaniques situées à la hauteur du Maroc, à 500 km au nord des Canaries et au sud-est des Açores. Tout comme les Canaries, elles sont situées en Afrique mais sous protectorat portugais, bien que Lisbonne soit situé à plus de 1,000 km de là. Peuplé de 250,000 portugais, cet éden est réputé pour ses broderies et son vin cousin du Porto. De mon avis plus jolie que les Canaries, Madeire a su conservé son caractère historique en évitant l’anarchie de l’architecture moderne. La ville est littéralement couverte de fleurs, grimpant le long de la rivière, des fenêtres des maisons et des parcs sorties tout droit de l’île de Gilligan… Toutes les rues sont pavées de mosaïques fabriquées de fragments de marbre blanc, agrémentée de motif noir fait de pierre de lave. Une pure splendeur.
Une photo intime avec un grand ami à moi, Cristovao Columbo, le fameux détective privé
J’ai lu que Madeire jouit d’une fiscalité particulière s’apparentant à un paradis fiscal. Ce statut explique les prix élevés demandés pour tous les biens sur l’île. Voiliers de luxe et résidences cossues viennent confirmés nos doutes.
Je nous verrais fort bien finir nos jours dans cette idyllique contrée. Avec l’impression de vivre dans un musée à ciel ouvert, les gens souriants, courtois vous invitent à la détente. Nous devons rembarquer sur notre navire pour faire cap sur l’espagnol Malaga, cœur de l’Andalousie, situé sur la Costa del Sol. Au revoir ou plutôt à bientôt ma belle Madeira…
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